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Peinture

Au musée Cernuschi, la peinture chinoise encre en scène

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L’institution parisienne dresse un passionnant panorama de l’art produit en Chine au siècle dernier, entre tradition impériale, influence française et censure maoïste.

«Lotus sous le vent», daté 1955 par Chang Dai-chien (Zhang Daqian) (1899-1983) (Chang Dai-chie/Paris Musées / Musée Cernuschi )
Publié le 06/02/2023 à 2h32

C’est une histoire rapprochée et mouvante de la peinture chinoise au XXe siècle et de son matériau de prédilection, l’encre, que le musée Cernuschi met en scène. Rapprochée parce que l’évolution des styles et des sujets s’observent, à la loupe, dans les seuls tracés, plus ou moins arides, rugueux, denses ou déliés, des compositions calligraphiques qui ouvrent l’exposition. La démonstration est éloquente, alors que pour un œil profane, évaluer la singularité de chacune de ces œuvres écrites et si iconiques n’a rien de simple. Mais là, ça saute aux yeux : la calligraphie fine, primitive d’un Kang Youwei ; celle, cursive, alerte, de Wu Changshuo ; ou encore celle arrondie de Yao Hua, qui aligne sur deux longs rouleaux verticaux une vieille sentence d’un auteur du IVe siècle. Or, outre ces rudiments de calligraphie, ce qu’on découvre, c’est que les artistes chinois du XXe siècle ont tous puisé dans les traditions plastiques de l’empire du Milieu, en y mêlant volontiers les genres ou les techniques occidentales et japonaises pour les infléchir.

Dès les années 20, les peintures de fleurs, d’animaux ou de paysages s’inspirent des arts déco français et visent à sortir la peinture d’une empreinte trop lettrée. Sur le papier, les tiges feuillues et pétales carmin de Pivoines (Yu Fei’an, 1947) sont étoffées d’un réalisme poudreux, de même que le plumage ocre de deux Oies sauvages (Chen Zhifo, 1940) tapies dans les joncs. Les artistes saisissent la faune et la flore dans la