Menu
Libération
Expo

Au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, Anne Bourse à tissage découvert

Article réservé aux abonnés
L’artiste déploie un chez-soi bouillonnant de créativité et de vulnérabilité au musée stéphanois.
L’installation, d’un raffinement précaire, hésite à se laisser aller à la volupté dont la parent ces tissus cousus main. (Rebecca Topakian)
publié le 2 mars 2025 à 21h35

Tapissée de pans de tissus à rayures orange, verte et mauve, la chambre du gardien, ainsi que la nomme Anne Bourse, se dresse au seuil de l’exposition comme une guérite, une salle de repos. Un matelas bordé des mêmes étoffes est posé à terre et, dans un coin, une lampe de chevet jette une chaude lueur jaune. L’installation, d’un raffinement précaire, hésite à se laisser aller à la volupté dont la parent ces tissus cousus main, si fins qu’ils semblent à deux doigts de s’effilocher : ouverte de deux côtés, elle se traverse de part en part et fait alors plus figure de sas.

Derrière, «Nuits» dissémine une maquette pavée de miroirs, des objets minuscules, des colifichets, rangés sur ou au sein de fragiles empilements de barre en plexiglas et drape des bancs de couvertures aux mêmes motifs rayés et à la même palette mauve et orangée. Tout cela se tient un peu coi et flotte dans cette salle du Musée d’art moderne et contemporain stéphanois, trop grande pour des œuvres qui ne s’élèvent jamais très haut. Elles arrivent à la taille au maximum. Leur charme, c’est ce hiatus.

Ce qu’on cache au fond de soi

Ici, dans le cube blanc à l’éclairage clinique, elles apparaissent décalées. Elles rêvent et viennent des nuits blanches qu’elles ont coûtées à l’artiste, d’histoires que celle-ci se raconte en cousant chez elle, seule, absorbée dans ses pensées. Et elles se retrouvent alors comme dépaysées dans le lieu d’expo. «Ça fait des effets d’extraterrestre, dit Anne Bourse. Dans le white cube, quand tu install