La représentation de la scène a lieu par gros temps. Dans un bateau qui tangue ferme, le corps d’un marin en ciré flotte dans l’air gris, allongé sur la bôme, tâchant de ferler la voile. On le voit depuis le pont, comme si l’on était moussaillon. On ne voit que le suroît, les épaules, les mains qui tiennent le cordage : corps au travail, sans visage, dans l’air ; albatros acrobate menacé de chute. La recherche impossible de légèreté est accentuée par le cadrage insolite, resserré de ce Vers le ciel : plusieurs tableaux marins du Norvégien Christian Krohg (1852-1925), qui avait découvert les impressionnistes à Paris en 1882, font songer aux points de vue de ce grand amateur de régates, Caillebotte. Ils se fixent sur un détail, une perspective qui place hors-champ ce qui, chez un peintre à la géométrie plus commune, plus terre à terre, ferait l’ordinaire du spectacle. Ici, le spectateur a presque le mal de mer. Décentrage de la gravité : il entre dans le tableau comme il en sort, comme dans un moulin, poussé et chassé par le vent.
Dans Un homme à la mer, daté de 1907, il y a le dos et le mouvement du marin qui va lancer la grande bouée blanche à l’eau : un discobole