C’est une salle mais c’est déjà beaucoup. Car au sein du nouvel accrochage des collections qui suggère habilement de «Revoir Picasso» (littéralement, après une tournée internationale qui avait privé le musée parisien de ses chefs-d’œuvre et une géniale expo Sophie Calle qui avait volontairement invisibilisé le grand artiste, et symboliquement, à l’aune des polémiques qui émaillent aujourd’hui la lecture de l’œuvre et surtout la vie de l’artiste), cette salle n’est pas dédiée à Françoise Gilot la muse, mais bien à Françoise Gilot l’artiste. Or le moins que l’on puisse dire c’est que ses peintures, achetées par le prestigieux Moma de New York ou copieusement vendues aux enchères, comme ce fut le cas d’un portrait de sa fille Paloma (l’un des deux enfants qu’elle eut avec Picasso), n’ont jamais suscité, ici en France, de curiosité quelconque. Et pour cause, de ce côté de l’océan, elle resta sa vie durant la compagne de Picasso dont elle partagea la vie entre 1946 (elle avait 24 ans, lui 64) et 1953.
«Le retour du refoulé»
Décédée l’été dernier à l’âge de 101 ans, en plein anniversaire du cinquantenaire de la mort de l’artiste le plus célèbre (et le plus célébré) au monde, Françoise Gilot est probablement celle qu’il est aujourd’hui le plus aisé de réhabiliter dans la galaxie picassienne : parce qu’elle fut la seule à s’ém