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Théâtre

Au Rond-Point, le Munstrum Théâtre pisse Copi

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Dans un tourbillon de sexe et de faux sang, la jeune compagnie s’empare du metteur en scène argentin pour un grand n’importe quoi à la candeur déconcertante mais bienvenue.
Sur scène, un théâtre de trucs et astuces et un carnaval joyeux. (Darek Szuster)
publié le 20 janvier 2024 à 15h22

Sous les saluts enthousiastes d’un public particulièrement juvénile, un comédien prend la parole. Il appelle au cessez-le-feu à Gaza, puis à l’arrêt de toutes les guerres dans le monde. Déclarant que le théâtre reste un «bastion à l’abri des violences et des logiques marchandes» (ah ?), il cite Jean-Louis Barrault affirmant qu’il est aussi «le plus efficace véhicule de paix» (allons bon). Ce geste est à l’image du spectacle présenté par la compagnie du Munstrum : la démonstration d’une confiance absolue, grandiloquente et candide, sublime et ridicule, dans les moyens du théâtre.

Théâtre de trucs et astuces

Cette foi nouvelle s’épanouit dans la vitalité paradoxale du théâtre de Copi, auteur argentin exilé en France, figure éclatante et tragique du Paris gay, auteur dans les années 70 de ces deux pièces en forme de huis clos ravageurs : l’Homosexuel ou la Difficulté de s’exprimer – un vaudeville renversé dans les steppes russes, où une mère et sa fille s’engueulent autour de la grossesse de la seconde ; Les quatre jumelles – jeu de massacres grand-guignolesque qui voit quatre femmes s’étriper, mourir, revivre, remourir. Ces femmes ont été des hommes, à moins que les hommes n’aient été des femmes – tourbillon frénétique des genres et des sexes.

Contrairement à un théâtre tradi qui affiche du faux queer pour faire genre à peu de frais, le Munstrum fait de la question homosexuelle une donnée historique, la neutralise, assume qu’elle sente un peu le vieux et balance sur scène fausse