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Libération
Reportage

Au théâtre de l’Odéon, une soirée très occupée

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La lutte des intermittentsdossier
Un accordéon au milieu des colonnes de marbre, une AG dans la grande salle... Intermittents et militants CGT ont investi le théâtre parisien pour protester contre la «culture sacrifiée» par l’épidémie.
Une cinquantaine d’intermittents le théâtre de l'Odéon à Paris, ce jeudi soir, pour réclamer des aides à la création et des négociations pour fixer les conditions de la réouverture des lieux de culture. (Denis Allard/Libération)
publié le 5 mars 2021 à 13h11

Une trompette exulte dans la nuit noire. Il y a des éclats de voix. Des rires de balcons. Et puis du silence, tout autour. Un silence qui enveloppe la place de l’Odéon, qui questionne aussi ces rires, ces voix, cette trompette. Il demande : que se passe-t-il dans ce théâtre, à Paris, un soir de couvre-feu, une nuit où la culture doit sommeiller, encore une fois, comme elle l’a fait tant de nuits depuis un an ? Des banderoles, perchées en haut du théâtre, indiquent que le chômage et la «culture sacrifiée» se sont emparés des lieux. En même temps qu’une guitare, une basse, une clarinette, des percussions et des dizaines de militants de la CGT. Ils sont arrivés là dans l’après-midi, jeudi, en marge de la manifestation en défense des professionnels de la culture qui se tenait à Paris comme partout en France. Poussés, disent-ils, par le «mépris» du gouvernement auquel ils sont confrontés depuis le début de la pandémie de Covid-19 ; des lustres à hauteur de précaire.

Au cours de la soirée, une femme raconte qu’elle se réapproprie le lieu. Qu’ici, c’est chez elle, c’est chez vous : les impôts font tenir les murs, font «vibrer» le théâtre, alors on a le droit d’être là. «Je me sens légitime ici.» Elle laisse son cœur crier : «Sortir sans rien, ce n’est pas possible.» L’opération est un coup de poing sage