Un poing immense qui s’abat comme le destin sur la gueule d’une première marionnette, et c’est parti pour soixante-dix minutes de massacre systématique. Le programme est sans appel : toute marionnette qui entre dans le castelet de la troupe canadienne The Old Trout Puppet Workshop va mourir. La deuxième s’appelle Nathaniel Tweak, qui se présente en maître de cérémonie. Il n’a plus d’âge, avance à bout de souffle, on ne donne pas cher de sa peau de bois et de fils. Tiendra-t-il jusqu’à la fin des 26 scènes de cette danse macabre ? Suspense.
Décapitation-démembrement dans une tempête
On affiche : «Acte I scène 3», quelques minutes plus tard on en est déjà à l’«acte XIX, scène 78», le désordre fait loi, toi qui cherches le sens à tout ça, passe ton chemin et crève, rien n’est sûr sauf la Fin. La preuve par l’horreur de l’absurde : donnez le choix entre deux portes, l’une marquée «Ja», l’autre «Nein», à deux marionnettes surexcitées qui ne ressemblent à rien – entre le triangle et le n’importe quoi –, et vous savez que le pire va leur arriver. Voilà l’enseignement désespérément hilarant de cette corrida où on se demande à chaque fois, comment vont-ils et elles mal finir ? Il y en a pour tout le monde et dans tous les styles : suicide par ricochet d’une famille paysanne suédoise, mort d’un couple amoureux par une après-midi champêtre, décapitation-démembrement dans une tempête, avec mention spéciale pour l’impossible réanimation d’une «feuille morte» sur l’air de Autumn Leaves, version an