Ce dimanche de canicule, un matin de septembre, une abeille est entrée dans le hall de la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, s’est dirigée vers la grande salle en bourdonnant, et a dévalé le gradin rangée par rangée pour venir piquer Vincent Macaigne, en pleine création de son nouveau spectacle Avant la terreur, adapté de Richard III. On est d’accord avec la victime : «C’est vraiment pas d’bol, non ? En plus, ça fait mal.» Mais… une abeille, vraiment ? Qui a bien pu se cacher derrière pareil avertissement ? La réincarnation de William Shakespeare, outrée de voir tous ces sauvages, sur le plateau, glisser à plat ventre sur son texte comme sur les toboggans d’une piscine ? L’esprit malin d’un technicien fatigué de déballer les semi-remorques de costumes, de faux sang, de paillettes et d’appareils à mousse depuis ce printemps ? Ou le propre moi de Vincent Macaigne, venu lui rappeler l’essence sacrée du métier : forcer la porte pour piquer, quitte à en crever ?
Après tout, c’est bien ce que cet artiste fait lui-même aux spectateurs depuis vingt ans. Ceux qui ont découvert Macaigne au cinéma l’ignorent encore parfois, mais avant de rejoindre les rangs des chouchous bichons préférés du cinéma d’auteur français, avant de balader sa voix de fumeuse de gitanes et son regard de bébé cocker abandonné au chenil chez les Justine Triet, Antonin Peretjatko, Garrel père et fils, Toledano et Nakache, cet ancien élève du Conservatoire de Paris a signé, e