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Théâtre

Avec Isabelle Huppert, aux répétitions de la «Bérénice» solitaire de Castellucci

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Au théâtre Jean-Claude-Carrière, le metteur en scène italien Romeo Castellucci propose une adaptation dépouillée de Racine, portée par une comédienne irradiante. «Libération» a assisté aux ultimes répétitions.
Isabelle Huppert et Romeo Castellucci en répétition de «Bérénice», à Montpellier le 22 février 2024. (Jean-Michel Blasco)
publié le 22 février 2024 à 19h59

Le grand metteur en scène Claude Régy disait qu’il travaillait au fil du temps à rendre son théâtre de plus en plus rétif à toute photographie. On entrait dans un rêve, on le quittait à pas retenus, pour retourner dans une dimension quotidienne, celle où, la plupart du temps, ni les mots, ni les objets, ni les gestes, ni les usages, ne se dérobent. Bérénice, imaginée par Roméo Castellucci et portée par Isabelle Huppert, irradiante et solitaire, baigne elle aussi dans un crépuscule dont la matière ne se laisse pas saisir par une photo, une image, résumer par une formule. Dans le luxurieux domaine d’O, le centre d’art qui produit le spectacle, on se glisse dans la salle du théâtre Jean-Claude Carrière à Montpellier, on pénètre dans une intériorité, songe, cauchemar, esprit, cela se précisera plus tard. La scène est dénudée, bordée de lourds rideaux anthracite. Aride ? Non, pas vraiment. Mais en tout cas, au grand jamais illustratif.

A une poignée de jours des premières représentations, on sait bien qu’on dérange durant ces heures si précieuses où le temps ne fait que manquer. Pourtant, Romeo Castellucci tout comme Isabelle Huppert, en baskets et survêtement, sont d’un calme royal, bien que cette Bérénice évoque moins une reine, que tout un cha