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Théâtre

Avec «les Messagères», «Antigone» va de l’afghan

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Faisant appel à neuf jeunes Afghanes ayant fui leur pays, Jean Bellorini livre une relecture puissante et distanciée de la tragédie de Sophocle.
Les comédiennes interprètent leur rôle en dari, une variété du persan. (Christophe Raynaud de Lage)
publié le 8 avril 2025 à 6h32

Sur un plateau recouvert d’eau, des jeunes filles jouent. Elles jouent dans tous les sens du terme : un spectacle, mais elles jouent aussi au ballon ; elles rient, dansent, se poussent et s’éclaboussent. C’est une sorte de récréation, un moment à la fois banal et crucial pour ces comédiennes afghanes, une ode à la vie et au mouvement avant d’entamer la pièce, Antigone, l’histoire d’une jeune fille devant être enterrée vivante. Jean Bellorini signe avec ces Messagères un spectacle qui parvient à échapper au collé-plaqué des grandes simplifications, dont l’énergie et la naïveté sont à la fois la force et la limite.

Il faut dire que l’histoire en dehors du spectacle est aussi écrasante de beauté et de douleur que la pièce de Sophocle. Au mois d’août 2021, alors que les talibans ont rallié Kaboul après avoir repris tout le pays, artistes et intellectuels tentent de fuir par tous les moyens. A Lyon, Joris Mathieu et Jean Bellorini, les directeurs du Théâtre Nouvelle Génération et Théâtre national populaire, s’engagent à accueillir de jeunes comédiennes : l’Afghan Girls Theater Group. Après un chemin difficile, elles parviennent jusqu’à eux.

A quelques centaines de mètres de compatriotes infortunés qui dorment sous des tentes, elles sont neuf sous les moulures cuivrées des Bouffes du Nord, qui interpr