«Il faut que ce soit follement encyclopédique», lui avait conseillé son éditeur Grégoire Chamayou, directeur de la collection Zones à la Découverte, à l’envoi du premier manuscrit. Alors, Martin Le Chevallier, artiste et chercheur iconoclaste (qui fut directeur artistique de Libé), a chargé la barque. Et son Répertoire des subversions, manuel tentaculaire de formes mobiles et rebelles qui naviguent entre activisme et pratiques artistiques, s’est à la fois gonflé sans limite, outrepassant toutes les bornes chronologiques, tout en s’asséchant drastiquement du point de vue de leurs représentations.
Le livre, fou par sa radicalité et sa pureté, mais aussi un peu raide, ressemble à un petit bottin de quasi 300 pages, dont les notices sans image se déclinent par actions. Un abécédaire exhaustif et sérendipien qui prend dans sa nasse des (anti) actions aussi diverses que «s’abstenir», première entrée du manuel, jusqu’à «voler», dernière occurrence qui se décline comme tous les autres en mille et une nuances, de «voler pour redistribuer» qui revient sur les révoltes paysannes françaises au XVIIIe siècle, à «voler des œuvres volées» qui pointent la délicate question des restitutions d’œuvres pillées lors des mou