«Toutes nos grands-mères nous disent qu’on ressemble à Gérard Philipe.» Des petits-fils sont sur scène et ils s’accordent sur ce point : toutes leurs grands-mères leur ont dit, les yeux noyés d’amour, qu’ils avaient un air du grand acteur populaire, mort à 36 ans. Est-ce pour cela que ces anciens enfants sont devenus ce qu’ils sont, des comédiens, jeunes encore et tout juste sortis de la Manufacture, Haute Ecole des arts de la scène de Lausanne ? Voilà déjà un premier fil, aérien, pour répondre aux questions totems que pose le nouveau spectacle de Fanny de Chaillé : le rêve d’un théâtre pour tous, porté par Jean Vilar quand il fonde en 1947 le Festival d’Avignon, a-t-il échoué ? Quels sont les corps, les voix et les lieux qui permettent la transmission d’une histoire commune ? Que peut encore pour nous le théâtre ?
Avec Avignon, une école, la metteuse en scène est partie de l’archive : photos, films, reportages télévisés, émissions radiophoniques. Elle a ensuite demandé aux étudiants de la dernière promotion de l’école de Lausanne de rejouer ces archives. Avec un décalage, un déplacement, forcément, celui du temps : le temps qui marque sa distance à une époque – les acteurs reprennent le timbre daté des voix d’avant, celle d’Alain Cuny ou de