Le festival de BD d’Angoulême et Libé ont presque le même âge, à quelque mois près. Le journal, qui n’était pas encore complètement quotidien, n’avait même pas soufflé sa première bougie quand le premier festival d’Angoulême s’est tenu, fin janvier 1974, dans une aile désaffectée du musée de la ville. Le cousinage n’est pas que temporel puisque le dessin a toujours eu sa place à Libération, peut-être plus qu’ailleurs, et c’est sans doute pour ça qu’a germé fin 1996, dans la rédaction du journal, l’idée de traiter de façon originale la 23e édition du festival d’Angoulême : un «Libé tout en BD». Aucune photo, nulle part : tout le graphisme du journal du jour serait dessiné. C’était inédit et un peu fou. Ce devait être une expérience, c’est devenu une tradition : depuis vingt-cinq ans, tous les derniers jeudis de janvier (1), quand le festival d’Angoulême ouvre ses portes, les photographes s’éclipsent et les dessinateurs investissent les colonnes du journal, sans rien céder pour autant aux exigences du traitement de l’actualité dans un quotidien.
Cette année 2022 encore, cette fois mi-mars exceptionnellement pour cause de report covidé du festival, une quinzaine d’auteurs de BD se sont collés à l’actu: la Corse, l’Ukraine, la guerre d’Algérie, les cabinets dentaires... Autant de sujets sur lesquels ont planché Baudoin,