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Libération
Rétrospective

A Bâle, l’artiste Dominique Goblet a le sens de la mue

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La bédéiste frondeuse et son art métamorphe s’offrent une première rétrospective au Cartoonmuseum suisse qui, à son image, déborde de liberté.
Dans «Ostende» (2021) de Dominique Goblet. (Dominique Goblet/Cartoonmuseum Bale )
publié le 25 mars 2024 à 16h16

Comment diable faire le tour de Dominique Goblet en seulement deux pages ? L’œuvre s’étend à perte de vue, paysage vaste et chelou. De loin on distingue une végétation délirante, taillée ou non (ce buis a-t-il vraiment la forme d’un pénis ?), des trous, des microclimats contradictoires, plage grise et forêt rouge, silhouettes à poil, majorettes… Mais c’est par la promenade, en allant voir de plus près, en y engageant son corps, que deviennent lisibles les sentiers qui relient entre eux des travaux parfois si disparates à première vue qu’on pourrait les croire issus de plusieurs artistes différents. Dominique Goblet est autrice de bande dessinée, certes, mais plus généralement elle raconte des histoires avec ou sans mots, que ce soit en peinture, en sculpture, en dessin… La Belge au regard perçant et à la cinquantaine correctement entamée surfe dernièrement sur une belle vague d’honneurs : présidente du jury à Angoulême en 2019, elle est gratifiée en 2020 du prix de la fédération Wallonie-Bruxelles puis du grand prix Töpffer, prestigieuse récompense suisse pour l’ensemble de son œuvre. Et, enfin, la voilà célébrée dans toute sa complexité avec une première grande rétrospective qui se tient au Cartoonmuseum de Bâle et dans laquelle on se verrait franchement bien élire domicile.

Par où entrer ? Par les vagues d’Ostende ? Ou alors les bois humides de Vielsalm ? Là-bas, au fin fond de l’Ardenne belge, elle a fusionné avec Dominique Théate, auteur et dessinateur de