Les dix premières pages de Metax s’accrochent à la course d’un cheval, lointain cousin de celui de Muybridge. Par l’évocation des jeux d’optique qui ont servi de galop d’essai au cinéma, on touche au cœur de la bande dessinée : le mouvement emprisonné dans une séquence de cellules fixes. En trois livres, Antoine Cossé n’a cessé d’éblouir par le bouillonnement dynamique qui fait vibrer ses histoires. Qu’elles parlent de piraterie, de sexe ou de magie, l’énergie de ses BD colle aux yeux et s’imprime au plus profond du lecteur où le geste se poursuit par-delà la page et son sujet.
Son nouveau livre pourra fiche la trouille. On s’égare souvent dans cette histoire de guérilla où des gamins habillés en diablotin chargent, tous flingues dehors, un empire sur le déclin. La ressource miraculeuse qui a permis au royaume de fleurir vient à manquer. La royauté s’inquiète. Terrorisme, répression, pénurie : autant d’échos du quotidien qu’il faudra apprendre à lâcher pour mieux naviguer dans ce conte plus drôle et poétique que ses sujets laissent présager. Comme cette magnifique idée d’un virus qui met des étoiles dans les yeux des gens… Tout ici est fluide, mouvant. Une dune se change en terrier de sniper, la course d’une moto mue en route, un oiseau en enfant. L’histoire de changement d’Etat qui s’écrit à travers une série d’états.
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Elle vient d’où cette hist