Machines à fantasmes s’il en est, les scénarios inachevés de BD – comme les films jamais tournés ou les enregistrements de jazz à jamais perdus – sont un puissant excitant pour l’imaginaire des lecteurs des plus fervents. Une sorte de potion magique spéculative dont Anne Goscinny vient de déboucher une pleine gourde. Dans une interview à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel parue vendredi, la fille de René Goscinny a révélé la découverte d’une ébauche d’histoire d’Astérix non achevée.
Le scénario, tapé à la machine par René Goscinny peu avant sa mort brutale en 1977, porte le titre d’Astérix au cirque. Il aurait dû paraître chronologiquement après l’album Astérix chez les Belges et a été retrouvé dans les archives familiales. «J’y pense souvent, il s’agit de 20 pages, une moitié d’album», dévoile Anne Goscinny, sans s’étendre sur le contenu exact des pages.
Profil
Quoi qu’il en soit, Anne Goscinny estime qu’une finition posthume de l’album serait une entreprise «très compliquée». «De très nombreuses personnes devraient s’asseoir autour de la table, se plonger dans l’histoire et retrouver sa voix, dit-elle en référence à son père. C’est comme une peinture de Goya qui aurait un trou. Mais un jour nous essaierons, ce serait une aventure extraordinaire.»
Un nouvel album la semaine prochaine
Contrairement aux aventures de Tintin, qui se sont interrompues à la mort d’Hergé en 1983, celles d’Astérix se poursuivent après le décès de ses auteurs. Le plus célèbre des Gaulois a d’abord été repris par Albert Uderzo seul, assumant à la fois le scénario et le dessin avec une réussite discutable. Depuis 2013 et Astérix chez les Pictes, c’est le tandem Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessin) qui fait vivre de nouvelles aventures au petit Gaulois. Leur dernier album, Astérix et le Griffon, débarque en librairie la semaine prochaine. Tirage : cinq millions d’exemplaires dans le monde entier.
Pourraient-ils reprendre à leur compte Astérix au cirque ? Ou bien, est-ce qu’à l’instar de Tintin et l’Alph-Art, ne faudrait-il pas conserver l’œuvre dans son inachèvement ? Cette deuxième option aurait le mérite de laisser à chaque lecteur le soin d’imaginer ce qu’aurait pu être cette aventure. De quoi préserver un peu de magie, au-delà des chiffres de vente.