Le livre s’ouvre et se referme dans le même champignon de cendres noires. Une masse couleur pétrole qui enserre le récit de bout en bout, écrase le monde imagé par Manu Larcenet sous un épais tourbillon noir façonné de petits traits blancs, tourbillons dans le tourbillon qui semblent porter littéralement l’empreinte (digitale) de l’auteur. A la manière d’un sceau ou d’une marque de fabrique. Le dessin est magistral, impérieux, sans faille. Il est personnel aussi, propre à l’auteur, et aura donc pour ses lecteurs une certaine familiarité. On sait que la Route présentée ici est celle empruntée par l’auteur de Blast et du Rapport de Brodeck. Le Larcenet grave.
Très vite, s’installe un lien quasi intime avec le roman original de Cormac McCarthy. Il ne s’agit pas d’une adaptation de commande, d’une œuvre destinée à surfer sur le succès d’un best-seller, comme on en trouve des caisses en bande dessinée, mais du résultat d’une lecture sensitive. En quelques planches, Manu Larcenet communique le vide, la désolation, le silence qui habitent les phrases interminables de l