Tout un tas de gros radeaux se sont échoués sur la terrasse du palais Rohan, à Strasbourg. Pas l’endroit le plus chaleureux de la ville : un rectangle de pierre prisonnier entre une haute façade et un fleuve, fermé de part et d’autre par des grilles plutôt dissuasives. Les esquifs de palettes, disposés un peu n’importe comment et coiffés de voiles et de fanions colorés, viennent mettre un foutoir sympathique derrière le sérieux bâtiment qui abrite les musées des Beaux-Arts et d’Archéologie de la ville. Que s’est-il passé ? Une bâche suspendue là explique le contexte, un cataclysme provoqué par la collision des éditions 2024 avec l’année 2024, une «grande coïncidence» à laquelle a succédé un très long hiver dont l’humanité a mis des années à se remettre. Et puis, en 2048, le chantier d’une bretelle d’autoroute permet de mettre au jour les restes d’une activité étrange pratiquée jadis par cette civilisation engloutie : l’édition de bandes dessinées.
Une foule aussi intriguée qu’amusée flâne parmi ces tas de «reliques» disséminées par l’aventureuse maison d’édition strasbourgeoise née en 2010 et qui affiche un catalogue d’une centaine de titres à ce jour, parmi lesquels de beaux succès de librairie tels que la série Tulipe de Sophie Guerrive ou