Sous l’ombre d’une demi-tente posée sur leurs ordinateurs, les illustrateurs s’activent. Aucun contre-jour ne doit venir polluer leurs écrans, alors qu’ils dessinent sans relâche un nouvel épisode. Dans les bureaux du studio de production Kenaz, en plein cœur de l’arrondissement de Gangnam, à Séoul, la division du travail est bien rodée. Chacun s’occupe d’une partie : les lignes, l’arrière-plan, la colorisation… «De quatre à douze personnes» peuvent travailler sur une même planche, explique le patron Woody Lee. Le résultat final ? Un webtoon, une bande dessinée qui se lit sur smartphone en faisant défiler les cases une par une.
Le genre est né il y a près de trente ans en Corée du Sud et est désormais extrêmement populaire. Plus de 10 millions de Coréens lisent quotidiennement des webtoons, soit près d’un cinquième de la population, avec une forte appétence pour la fantasy ou la romance. En témoignent par exemple les succès de Mr Villain Husband, un webtoon dans lequel la conscience de l’héroïne est transférée dans le corps de l’épouse d’un empereur fou et maléfique, de Solo Leveling, contant l’histoire d’un guerrier aux capacités surnaturelles devant affronter des monstres, et de All of Us Are Dead, relatant une épidémie de zombies commençant dans un lycée. Ou encore de Marry My Husband, dont l’héroïne tuée sous les coups de son mari, qui la trompait avec sa meilleure amie, revient à la vie dix ans plus tôt et décide de se venger.
«Festival de Cannes» du webtoon
Dans la ca