Si votre maison était en feu et que vous ne pouviez emporter qu’un seul objet, que prendriez-vous ? Cette question bien connue, Benoît Peeters, 65 ans, n’a pas eu le luxe d’y répondre. Le 1er avril 2016, son appartement parisien est soufflé par une explosion au gaz. Tout ce qu’il contenait d’ouvrages, manuscrits, dessins originaux – dont un Hergé – accumulés depuis des décennies par cette figure de la bande dessinée franco-belge, sont anéantis en un instant. Benoît Peeters, lui, n’est heureusement pas présent, sorti de chez lui pour une réunion avec son comparse de toujours, le dessinateur François Schuiten. «Si je ne m’y étais pas rendu, je serais sans doute mort», constate-t-il avec flegme. Il dit aussi «ne pas avoir vécu cette destruction comme une tragédie, peut-être aussi parce qu’il n’y a pas eu de blessés graves» et préfère parler d’«un événement, une aventure, quelque chose d’un peu insolite».
Quelque chose qui pourrait ressembler à une histoire signée Benoît Peeters, tant on y retrouve des motifs qui lui sont familiers. Une péripétie urbaine fantastique, nourrie d’artefacts et de textes perdus, qui questionne en miroir l’avenir et le souvenir. «Après coup, j’ai regretté certaines choses, reprend Peeters. Par exemple, j’avais deux gros cahiers rouges chinois dans lesquels je prenais des notes, des petits bouts d