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Libération
Censure

Chloé Wary et tienstiens, deux auteurs de bande dessinée sous pression des municipalités

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Deux œuvres présentées en espace public à Champigny-sur-Marne et Saint-Malo ont été pour l’une effacée, pour l’autre décrochée, sous pression des municipalités. Les raisons invoquées concernent chaque fois le respect de l’institution policière.
La fresque de Chloé Wary à Champigny-sur-Marne a été effacée dans la nuit du 10 au 11 octobre. (Chloé Wary)
publié le 30 novembre 2023 à 11h09

A ce stade, on soupçonne les censeurs et les auteurs de s’être frappés dans la main pour booster les ventes des bandes dessinées en librairie. A quel point les mairies de Saint-Malo et de Champigny-sur-Marne auront-elles contribué à faire connaître plus largement les travaux des artistes tienstiens d’un côté, et Chloé Wary de l’autre ? Trop tôt pour le dire, mais les soutiens du premier ont bon espoir qu’un heureux effet Streisand vienne compenser la gravité de la situation. Imaginez donc : une exposition censurée sous pression policière, sous prétexte qu’une des planches moquerait ladite institution ? «Merci la police, belle collab», lisait-on en commentaire du post Instagram que tientiens publiait le 27 novembre pour ébruiter l’histoire. Celle d’un auteur très remarqué pour ses strips acides croquant au-delà de l’absurde la vie politique et sociale du pays, et dont l’album Koko n’aime pas le capitalisme – et autres histoires (Bandes détournées), s’est vendu à 20 000 exemplaires.

«Geste d’apaisement»

Dans l’ouvrage, on trouve par exemple de la novlangue de télé-réalité type Top Chef détournée pour railler les manœuvres politiciennes. Extrait : «Je voulais sortir de ma zone de confort et partir sur l’écoféminisme avec une note d’acidité.» Dans la même veine, on trouve aussi cet oxymore grotesque : une chorale d’enfants de chœur en ballerines chantant le slogan des manifestants contre les violences policières «tout le monde déteste la police». Voilà pour le ton.