Cornelius : la Vie pleine de joie du triste chien débute par une longue séance de trolling : une quinzaine de pages muettes dans lesquelles un labrador cavale en pleine nature, croise une grenouille sadique, du matériel d’entretien, une écharpe, un téléphone, une machine à écrire… Le lecteur n’y comprend rien, et c’est bien normal. Ce qui s’étale ici est un résumé de l’histoire à venir, mais si condensé qu’elle en devient totalement cryptique. Derrière ce premier geste de l’auteur, il y a certes une blague (à retardement) mais aussi une envie d’installer, dès les premières pages de son récit, la notion d’incommunicabilité. Ultimement, c’est de ce mal que parle cette fresque tragicomique : l’incapacité de Cornelius à partager ce qui lui traverse la tête – ses angoisses, ses joies, ses peines, ses peurs. Ce qui le laisse complètement écrasé et incapable, dans un état de confusion permanent et total.
Jeux de typo et noir et blanc
Cornelius est un chien anthropomorphe qui vit entouré d’autres animaux humanisés mais aussi d’animaux de compagnie. Il travaille comme agent d’entretien dans une piscine mais refuse qu’on le résume à ça, parce qu’il est un peu plus que son boulot et rêve de devenir écrivain. En attendant, il mène une vie d’angoisse et de complexes, malmené par un batracien qu’il tient pour un ami et un patron malpoli. Pas loin d’une vie de chien. Et puis un jour qu’il se promène en forêt avec une bonne amie, tout bascule. Elle se fait kidnapper par des gens cagoulés, il panique. Il devrait lu