Plusieurs balles, deux mégots de cigarette écrasés, des ombres fugaces aperçues dans l’escalier menant au bureau occupé par Dulcie September, la représentante en France de l’African National Congress (ANC), le parti de Nelson Mandela, rue des Petites-Ecuries à Paris : pas de quoi résoudre le mystère de l’assassinat à 52 ans de la militante sud-africaine anti-apartheid, le 29 mars 1988, un crime impuni à ce jour. L’enquête judiciaire fut parcellaire et classée sans suite après quatre ans seulement. Quelques lieux célèbrent ici sa mémoire, une plaque a été posée en 2022 sur la façade de l’immeuble où Dulcie vivait quand elle fut exécutée, à Arcueil (Val-de-Marne), mais le temps a jeté le voile de l’oubli sur cette figure révoltée qui sacrifia sa vie pour une Afrique du Sud libérée du racisme d’Etat.
Un livre dessiné fait néanmoins revivre Dulcie September, remue les compromissions du passé et ravive la nécessité de lever le mystère de son assassinat, signé du journaliste Benoît Collombat (il s’intéresse à l’affaire depuis plus de dix ans) et du dessinateur Grégory Mardon. Une longue et remarquable enquête mise en images sur 300 pages, en noir et blanc évidemment, qui replonge le lecteur dans cette histoire récente des années 80, quand l’un des plus grands pays d’A