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«Dynamite Diva : Rumeur mécanique», borgne to be alive

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Pour la première fois en grand format, l’héroïne de Jasper Jubenvill, jeune prodige canadien, navigue entre noirceur et séduction dans un univers graphique saturé, à la poursuite d’une voiture tueuse.
Dans «Dynamite Diva : rumeur mécanique», Jasper Jubenvill, loin de se livrer à un simple exercice de style, n’a pas peur de pousser les curseurs au maximum. (Éditions Petit à Petit)
publié le 5 août 2025 à 2h58

«J’ai 23 ans et je fais des BD.» La bio, sur le site de Jasper Jubenvill, ne pourrait être plus dépouillée. Tout l’inverse des dessins de ce jeune Canadien surdoué qui suffoquent sous les hachures et les plis, les ombres et les gouttelettes, noyées dans un noir luisant comme un univers de vinyle. Voilà six ans que prend forme entre ses doigts, de fanzine en fanzine, le personnage de Dynamite Diva. Une lesbienne sexy, minijupe et petite bouche charnue, mais la nana est borgne – sur son cache œil, une tête de mort –, ses traits creusés par les excès, et ses paluches épaisses faites pour cogner.

Après une série de zines autoédités, Rumeur mécanique est la première aventure longue publiée par Jubenvill. Sa diva à la torgnole facile s’y éprend d’une fille qu’elle vient de sauver des pattes d’un gros lourd dans un bar. Manque de pot, sa conquête se fait écraser par Merlin, un chauffeur de taxi sexuellement frustré dont le chien chéri, Balthazar, unique compagnon de son enfance, s’est réincarné en voiture tueuse. Au volant de ce véhicule démoniaque qui exhorte son chauffeur de chercher la délivrance par le meurtre, encore et encore, de jeunes femmes qui rentrent seules chez elles dans la nuit de Chicago, Merlin sombre dans la folie sanguinaire… au nez et à la barbe de la police persuadée de la culpabilité de Dynamite Diva.

Pousser les curseurs au maximum

L’auteur, grand admirateur de vieux polars à la Dick Tracy, a beau embrasser des clichés du film noir – la femme fatale, le tueur psychopathe