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Libération
Cynique

«Ernestine» de Salomé Lahoche, gosse story

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Dans sa première fiction, classique instantané du récit désabusé, Salomé Lahoche imagine une enfant de 9 ans grinçante qui fugue à Cuba.
«Ernestine». (Salomé Lahoche/Ed. Même Pas Mal)
publié le 10 février 2024 à 5h07

Entre deux anecdotes autobiographiques bien salées, Salomé Lahoche se demandait dans La vie est une corvée, paru il y a un an, combien de bols rigolos faudra-t-il pour combler le vide de l’existence. Ils étaient posés là, leurs grands sourires figés dans la céramique. Une grenouille à joues roses, une grosse fraise, un soleil dodu, un lapin aux pupilles beaucoup trop dilatées, heureux à jamais, prêts à accueillir Chocapic mous ou autre morne festin de lendemain de cuite. Le bol rigolo comble le vide, la cuite offre une échappatoire, la pitance post-cuite remplit le bol et le cycle peut se répéter ad lib. Mais si un certain nombre des anecdotes qui ont fait connaître la jeune autrice de BD sur Instagram naissait dans des situations d’excès divers, elle a depuis brisé certaines habitudes, aussi bien addictives que créatives. Après quasi trois ans de strips désopilants qui ont rassemblé près de 60 000 abonnés, elle se lance dans la fiction avec Ernestine, un classique instantané dans le genre BD désabusée.

Authentique noirceur sous couleurs vives

Son héroïne est une gosse de 9 ans (quelques années de plus que son illustre modèle Mafalda) à qui on ne la fait pas. Elle vit en quasi-autarcie dans une cabane perchée sur un arbre qui pousse au milieu du salon de ses parents, symbole au choix de l’ouverture d’esprit ou du je-m’en-foutisme de ces derniers. Elle gagne pas mal