Menu
Libération
BD

«Extra-Végétalia 1», épris de flore

Article réservé aux abonnés
Gwénola Carrère s’inspire très librement de «Herland», roman de la féministe américaine Charlotte Perkins Gilman, pour sa splendide première œuvre en solo où une jungle luxuriante abrite une société composée de femmes. Jusqu’à l’apparition d’un homme.
«Extra-Végétalia» de Gwenola Carrère. (Gwenola Carrère/Super Loto. Les requins Marteaux)
publié le 25 juin 2022 à 21h24

L’héroïne de Gwénola Carrère a un point commun avec le varan de Komodo femelle : toutes deux se reproduisent par parthénogenèse, c’est-à-dire à partir de gamètes non fécondés ou, pour le dire avec les mots de Jean-Jacques Goldman, elles sont capables de faire «un bébé toute seule» (selon une rumeur ni démentie ni confirmée à ce jour, c’est d’ailleurs un varan de Komodo qui aurait soufflé ses plus grands tubes à Goldman, mais c’est une autre histoire). La comparaison s’arrête là puisque la protagoniste de la splendide bande dessinée Extra-Végétalia 1 n’a ni écailles ni queue massive ; elle est plutôt du genre cyclope, la peau jaune citron tendant vers le vert, le crâne oblong et une tendance bien ancrée à se balader à poil toute la sainte journée.

Enfants à têtes de courges

Pour sa première œuvre en solo, l’illustratrice basée à Bruxelles a pioché très librement dans Herland, roman de la féministe américaine Charlotte Perkins Gilman paru il y a plus d’un siècle et écrit du point de vue d’un étudiant en sociologie qui explore, avec deux collègues masculins, une terre inconnue peuplée uniquement de femmes. Carrère change de point de vue, évacue les étudiants et raconte la vie de l’une de ces femmes au cœur de la flore luxuriante d’une planète où nous propulsent, sur la première page, un tout petit craquement suivi d’une formidable explosion (seul indice : nous sommes bien plus loin que Saturne, juste après deux moyennes étoiles et une petite, et autour de ce globe s’étale un genre de