Le contraste est violent avec l’exposition qui se déployait il y a un an, au même moment, au même endroit : là où pour sa dernière édition, le festival BD à Bastia célébrait l’absurde avec une scénographie grouillant d’astuces colorées, fausses portes et souriceaux farceurs, l’espace d’exposition se noie cette année dans un bleu nuit enveloppant peuplé de hiboux et d’esprits frappeurs. L’accrochage est titré «Signadore», terme qui désigne en Corse les femmes capables par leurs litanies de chasser le mauvais œil (l’ochju) et on y découvre une sélection de planches originales d’Aniss El Hamouri, Núria Tamarit, Stéphane Fert et bien d’autres qui chacun à sa manière s’empare de la figure de la sorcière dans des récits à la fois d’émancipation et de marginalité.
De l’heroic fantasy la plus neuneu à l’autobiographie bouleversante, toutes ces œuvres très différentes dans la forme sont reliées par un fil occulte qui devient parfois bel et bien tangible, comme chez Bea Lema – dans Des maux à dire, l’Espagnole choisit la broderie et la machine à coudre pour raconter certains épisodes d’une relation mère-fille troublée par une maladie mentale d’abord remise entre les mains d’un exorciste plutôt que d’un psychiatre. Un choix graphique mais aussi symbolique puisque la jeune femme s’approprie des pratiques artisanales traditionnell