«As-tu déjà eu l’impression que la vie s’épanouissait autour de toi, mais pas en toi ? Comme si tu étais un spectateur indésirable, observant le monde mais ne participant jamais vraiment ?» C’est un bellâtre au regard intensément vide qui pose la question. Il flotte torse nu sur une mer d’huile. Son interlocuteur au front soucieux, engoncé dans une chemisette blanche, s’exclame à la dérive sur un radeau de chaises pliantes : «Oui ! Tout le temps !» Autour de cette scène absurde en suspension entre la vie et la mort, nichée au cœur de Goiter, lui-même niché dans le stand du tout petit éditeur Ici Même, le festival d’Angoulême bat son plein. Goiter est une infime gouttelette dans l’océan des 75 millions de BD vendues en France l’an dernier, mais une de celles dont la puissance littéraire vous remue, de la trempe d’un Chris Ware ou d’un Daniel Clowes, intrinsèquement mélancolique quoique moins névrosée. Dans cet épais recueil, qui rassemble une œuvre autopubliée à l’origine en huit fascicules, des nouvelles dont les héros sont d’une banalité à pleurer, cristallisée dans des patronymes tels que Willia
Festival d'Angoulême
Festival d’Angoulême : avec «Goiter», Josh Pettinger met du beau dans son vain
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Extrait de «Goiter» de Josh Pettinger (Ici Même) (Josh Pettinger)
par Marie Klock
publié le 27 janvier 2024 à 8h45
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