La bande dessinée est un art qui, par sa relative jeunesse, est moins engoncé que d’autres dans le besoin de raconter sa propre histoire (à la différence, au hasard, du cinéma). C’est un signe de vitalité toujours renouvelée, de modestie ou de désintérêt pour soi-même, au choix, on ne tranchera pas. Reste qu’en ouvrant les pages du premier tome de l’Illusion magnifique, on se penche avec curiosité sur cet album écrit par un Italien, Alessandro Tota, avec une ligne claire franco-belge sur l’explosion des comics aux Etats-Unis et l’envol des super-héros, à la fin des années 30.
Dans cette atmosphère d’avant-guerre et dans un pays se remettant encore avec difficulté de la Grande Dépression, l’auteur suit Diana Morgan alias Roberta Miller, alias Bob Smoke, jeune paysanne ayant quitté l’ambiance Raisins de la colère de son Kansas natal pour ce qu’elle imagine être les paillettes de New York. Là, elle devient secrétaire pour un journal communiste, avant de se mettre à fréquenter la faune artistique locale qui, comme de tout temps, dans toutes villes et dans toutes histoires est : sans le sou, brillante, fêtarde, alcoolique, fumant clope sur clope, obsédée sexuelle. Si la plupart rêvent de peinture ou de bosser dans la pub, des jobs prestigieux, il faut se rendre à l’évidence : ce qui paye, même mal, ce sont les pages d’illustrés, avec une nouvelle tendance, les mecs en collants qui ont des pouvoirs.
Age d’or des comics
Ça tombe bien, Roberta Miller (qui ressemble et s’habille comme le dét