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Libération
Témoignage

Julien Rappeneau sur Sempé: «N’importe qui, n’importe où, peut s’y retrouver, s’y reconnaître»

Le réalisateur du dernier épisode des aventures du «Petit Nicolas» au cinéma raconte comment il a adapté l’œuvre de Sempé et Goscinny.
«J’ai essayé de garder son esprit, cette dimension poétique de l’enfance.» (Goscinny-Sempe/IMAV Editions)
publié le 12 août 2022 à 18h10

Scénariste et réalisateur français, Julien Rappeneau a signé en 2021 le Trésor du Petit Nicolas, dernier épisode en date de l’adaptation au cinéma de l’univers créé par Sempé et Goscinny après le Petit Nicolas (2009) et les Vacances du Petit Nicolas (2014) réalisés par Laurent Tirard.

«J’ai beaucoup lu le Petit Nicolas quand j’étais enfant mais aussi Marcellin Caillou, j’appréciais particulièrement ce personnage qui rougit tout le temps et qui rencontre René Rateau, garçon qui éternue sans arrêt. Mais tout l’univers de Sempé m’a toujours séduit par ce mélange unique d’une grande délicatesse du trait, un sens extraordinaire de l’observation, un art du gag parfaitement ajusté. On ne peut pas transcrire ça tel quel au cinéma, et d’ailleurs l’adaptation ne cherchait pas du tout à le faire visuellement, c’est juste impossible mais j’ai essayé d’en garder l’esprit, cette dimension poétique de l’enfance. Dans le premier plan, on voit une bagarre d’enfants minuscules dans un terrain vague et c’est inspiré de sa manière si reconnaissable de créer des effets de disproportions entre le décor et les personnages.

«Même si je ne les rapproche pas du point de vue de la sensibilité et de leurs univers propres, il y a un même génie chez Hergé et Sempé dans cette façon de puiser dans des choses très personnelles, intimes et d’en donner une traduction stylisée qui devienne à la fois universelle et intemporelle. Vous pouvez prendre un dessin d’il y a 50 ans, et n’importe qui n’importe où peut s’y retrouver, s’y reconnaître comme par un étrange effet d’enchantement.

«Je n’ai rencontré Sempé que très brièvement après une projection du film. Nous nous sommes serré la main et j’ai été frappé par la pétillance de son regard, quelque chose d’espiègle et que j’associe définitivement à l’enfance. Ça m’a saisi…»