Glenn Ganges est un homme simple. Graphiquement, déjà : il a le nez de Tintin, des yeux en boutons, et quelques traits en guise de cheveux ébouriffés. Si Glenn accompagne son auteur, Kevin Huizenga, depuis près de vingt ans, le bonhomme n’est pas du genre bruyant ou extraordinaire. Le souffle épique de ses aventures se limite en général à un aller-retour pour la bibliothèque. Mais disons que ce quadra blanc banal cultive un certain talent pour s’emballer intérieurement, pour tirer d’un minime incident quelque chose de grand, de gros, turbulent. Ainsi un simple papier de bonbon balancé par terre par un gamin négligent peut donner lieu à une inflation démesurée dans l’esprit de Glenn : si ce mioche est capable de commettre pareil méfait sans trembler, c’est qu’il est prêt à tout. Il ira loin, le salaud, il saura s’allier aux puissants, grimper tous les échelons. Son mépris pour l’environnement le conduira probablement aux portes de la Maison Blanche, où il précipitera très certainement le monde dans un chaos, riant depuis les cimes de l’éléphant de guerre qu’il chevauchera pour signifier sa supériorité. Glenn Ganges, c’est la folie tranquillou. Il y a un peu de Lewis Trondheim ou du George Costanza de Seinfeld dans cette façon de réécrire un événement de rien du tout pour lui imaginer une suite démesurément infatuée.
Kevin Huizenga n’est pas bien plus bruyant que cette créature au nom exotique et aux origines triviales (aucun fleuve indien là-dessous, il s’agit juste de