«Le dessin marche très bien, pourquoi tu mets des poils ?» C’est l’illustratrice Anna Uru qui, dans un numéro «spécial poils» du magazine Kiblind, citait ce commentaire parmi les nombreuses réactions suscitées par ses dessins érotiques où les jambes et les sexes de ses personnages féminins ne sont pas glabres. Dans un entretien édifiant, elle et d’autres artistes partageaient leur expérience de la figuration du poil, encore vue comme un parti pris militant alors qu’on pourrait oser espérer, dans un air du temps favorable au body positivisme, qu’un mollet féminin velu soit la chose la plus normale du monde. Dans la Haine du poil, un trio de choc composé d’une autrice de BD et de deux psychologues s’empare de cet épineux sujet de façon originale, en faisant se juxtaposer de courtes scènes aux voix et aux styles très variés : on assiste aussi bien à des discussions entre collégiennes qu’à des séances de psychanalyse, moments de la vie quotidienne dans lesquels le poil s’infiltre de façon plus ou moins didactique.
Ici, une conférence universitaire, là, une émission de radio qui accompagne le petit-déj d’un couple hétéro distillent des bribes de p