A l’époque où il était encore nécessaire d’expliquer ce qu’était le manga, une anecdote revenait en boucle à propos de la bande dessinée japonaise : elle serait capable de s’emparer de tous les sujets et de parler de tout. Pensez à quelque chose, n’importe quoi, il y a fort à parier qu’un manga a déjà été écrit dessus. En vérité, la BD japonaise est comme n’importe quel champ culturel : diverse, certes, mais balayée par des vents dominants. Et il est bien rare que ce qui sort de ces espaces majoritaires (action, fantastique, romance, horreur) parvienne à se frayer un chemin jusqu’à nous. La Résidence où l’on meurt en silence est de ces titres rares et précieux.
Derrière ce titre terriblement plombant (le livre, lui, ne l’est jamais), un ouvrage qui s’installe sur le parvis d’une barre HLM aussi fatiguée que ses habitants. La première image est celle de déménageurs qui vident l’appartement d’une locataire récemment disparue. Pendant que les ouvriers s’activent en râlant sur le capharnaüm qui les attend à l’étage, une petite foule de commères se forme. Elles s’interrogent, commentent et dressent sans vraiment s’en rendre compte le portrait de la morte en partageant les bribes d’anecdotes qu’elles sont chacune parvenue à soutirer à l’ex-voisine. Ça persifle, ça rigole. Avant que la vie ne reprenne ses droits. Il faut déjà aller faire les courses.
En forme de purgatoire
De chapitres en chapitres, c’est toute une armada de vies qui se révèlent ainsi en commérages de palier. Le discret petit monsie