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«La Résidence où l’on meurt en silence» de Nazuna Saitô, l’âge de vivre

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Le très beau et jamais plombant manga de la japonaise Nazuna Saitô décrit le quotidien d’une barre HLM. A travers le portrait de ses résidents vieillissants se dessine une communauté qui tente de poursuivre son chemin avec grâce.
Le discret petit monsieur qui nourrit les chats du quartier se retrouve surnommé «l’alien» et représenté comme tel. (Le Lézard noir)
publié le 16 septembre 2024 à 15h18

A l’époque où il était encore nécessaire d’expliquer ce qu’était le manga, une anecdote revenait en boucle à propos de la bande dessinée japonaise : elle serait capable de s’emparer de tous les sujets et de parler de tout. Pensez à quelque chose, n’importe quoi, il y a fort à parier qu’un manga a déjà été écrit dessus. En vérité, la BD japonaise est comme n’importe quel champ culturel : diverse, certes, mais balayée par des vents dominants. Et il est bien rare que ce qui sort de ces espaces majoritaires (action, fantastique, romance, horreur) parvienne à se frayer un chemin jusqu’à nous. La Résidence où l’on meurt en silence est de ces titres rares et précieux.

Derrière ce titre terriblement plombant (le livre, lui, ne l’est jamais), un ouvrage qui s’installe sur le parvis d’une barre HLM aussi fatiguée que ses habitants. La première image est celle de déménageurs qui vident l’appartement d’une locataire récemment disparue. Pendant que les ouvriers s’activent en râlant sur le capharnaüm qui les attend à l’étage, une petite foule de commères se forme. Elles s’interrogent, commentent et dressent sans vraiment s’en rendre compte le portrait de la morte en partageant les bribes d’anecdotes qu’elles sont chacune parvenue à soutirer à l’ex-voisine. Ça persifle, ça rigole. Avant que la vie ne reprenne ses droits. Il faut déjà aller faire les courses.

En forme de purgatoire

De chapitres en chapitres, c’est toute une armada de vies qui se révèlent ainsi en commérages de palier. Le discret petit monsie