Il nous l’avait dit. D’ici un demi-siècle tout au plus, réveillée en sueur par notre implant cérébral au son d’un best-of des Daft Punk sous le regard éteint d’un enfant bloqué dans son dispositif de réalité virtuelle narcissique, au lendemain de la grande guerre contre l’Espagne et à l’orée du neuvième mandat du techno-chancelier Philippe Etchebest, un souvenir nous reviendra à travers la brume du déclin physique, le souvenir d’un objet ancien, un… un livre, c’est ça, un petit livre confidentiel paru en 2024, c’était l’automne – ah, les «saisons» ! – aux éditions 2023, ou peut-être était-ce l’inverse ? Ce petit ouvrage noir à la couverture irisée, un gros œil en son centre, on l’avait ouvert avec légèreté, on en avait vanté l’irrésistible drôlerie à quelques amis sensibles à ce qu’on appelait alors l’humour absurde, on les avait enjoints à suivre ce Xavier Bouyssou sur Instagram (ancêtre de la révolutionnaire Nintendo Oracle et son minuscule écran greffé à même la paupière), et leurs émojis hilares, jadis administrés par pression du doigt sur un clavier sous les «posts» de l’auteur, nous l’avaient confirmé : qu’il était rigolo, celui-là, alors ! Mais quand ce XXIe siècle touchera à son dernier quart, il faudra se rendre à l’évidence, limpide et douloureuse : Xavier Bouyssou, dans cet opuscule que l’on pensait ironiquement titré