Brecht Evens ouvre son Roi méduse sur une naissance racontée à la première personne. Une série de tableaux aux contrastes vivides et inquiétants disant une urgence vitale que le texte désamorce, comme si l’enjeu était ailleurs. «Avant j’étais faible, […] je ne reconnaissais pas les sons, je ne distinguais pas les formes – où l’une commençait, où l’autre s’arrêtait.» Son personnage voit tout juste le jour et déjà l’auteur flamand semble parler de lui, de son style pictural, naturellement porté vers ce trouble des formes et des couleurs transparentes, débordantes. Mais ça c’était avant, explique le narrateur, la chose est maintenant sous contrôle – comme l’auteur entame une mue vers un découpage plus franc lié aux procédés lithographiques en partie utilisé ici.
Portrait
Le prix de cette douloureuse arrivée au monde est l’absence d’une mère, presque jamais évoquée. L’enfant, Arthur, grandit dans un pavillon vide, auprès d’un père catatonique. C’est par le dessin que le dialogue s’établit avec lui. Les jaillissements innocents, sans filtre, agissent sur lui comme un cataplasme, chassant le mal qui le gangrène, remplaçant le vert nécrotique dans laquelle baignait la maison par un jaune solaire. En quelques magnifiques pages, Brecht Evens peint la naissance d’une complicité, d’un amour paternel, un éveil à la vie.
Psychotic fantasy
Au cadeau du fils répond un autre en retour : une série de jeux merveilleux organisés par le père. Ensemble, ils ne vont pas se promener dans les bois mais dev