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«L’Enfant prodige», vedette ou ne pas être

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L’auteur de BD Michael Kupperman raconte l’histoire de son père, enfant star d’un jeu télévisé dans les années 40 devenu un adulte secret et mystérieux pour son fils.
«L’Enfant prodige», de Michael Kupperman. (Michael Kupperman/Ed. La cinquième Couche)
publié le 2 juillet 2022 à 13h45

«Ils m’ont offert un chien. Un petit terrier écossais noir.» Devant un film d’Abbott et Costello, un souvenir et un sourire remontent un soir de Thanksgiving. Rare confession d’un père à son fils : à l’époque, le duo comique lui avait offert un chien. L’Enfant prodige est le récit de deux hommes adultes qui se débattent avec leur passé, une enfance mise à distance. Le père, Joel Kupperman, a enterré sous une chape de plomb cette jeunesse, dans les années 40, durant laquelle il fut la coqueluche de l’Amérique, enfant vedette du jeu Quiz Kids, hyperpopulaire à la radio avant d’accompagner les premiers pas de la télévision. Il était alors le «bébé Einstein», génie prépubère capable de résoudre les calculs les plus compliqués en quelques secondes. Une petite vedette qui grandit en homme fermé, secret, jusqu’à sembler hermétique à son fils, Michael Kupperman – auteur de bandes dessinées à l’humour absurde et de ce livre fort différent.

Antimites

Constitué à partir d’albums de famille exhumés d’un placard bourré d’antimites, l’Enfant prodige est une histoire de vides et de pleins, de savoirs et d’inconnues. La tentative d’un fils mal aimé de comprendre un père mal connu, si ce n’est de ce pays pour qui il semblait familier. Une reconstitution dessinée pour forcer une brèche dans l’esprit d’un vieil homme qui décline trop vite. Lui qui avait «toutes les réponses» (le titre original du livre) ne sait plus grand-chose (la maladie) et/ou s’efforce de ne