Cet article est publié dans le cadre du «Libé tout en BD», entièrement illustré par des dessinateurs et dessinatrices à l’occasion de l’ouverture du 50e festival d’Angoulême. Retrouvez tous les articles de cette édition ici, et le journal en kiosque ce jeudi 25 janvier.
Ceci n’est pas une publicité. L’étrange statut des quatre pages à suivre appelle une explication. Qui débute, comme toutes les bonnes histoires, à la terrasse d’un café, en plein été indien. Assis en compagnie d’une partie de l’équipe des Strasbourgeois des éditions 2024, on échange assez librement des ouvrages à venir, des projets passés et futurs de cet éditeur très prisé à Libé, avant d’évoquer l’éléphant dans la pièce : «Qu’est-ce qui va arriver à 2024 en 2024 ?» Par la seule force d’une série de révolutions astronomiques et d’un nom débile, la petite maison fondée il y a une dizaine d’années par un duo d’étudiants en sortie d’école d’art se transformerait en force conservatrice, en agent du «c’était mieux avant» ?
D’une gentille moquerie à l’autre, on en vient à évoquer l’envie de marquer le coup éditorialement. On évoque la possibilité que les autrices et auteurs de 2024 annexent les traditionnelles pages estivales consacrées à la prépublication de BD, pour ressusciter quelques chose dans l’esprit de l’expérimentation entre l’Association et Libération, en 2000, quand Jean-Christophe Menu et compagnie créaient chaque jour une page d’exercices oubapiens (réunies ensuite dans l’ouvrage les Vacances de l’OuBaPo, chez l’Asso). Tentant, mais compliqué et onéreux (c’est une réalité, la presse n’est pas riche, et les auteurs ne vivent pas d’air et d’eau fraîche). Mais l’idée d’une collaboration avec cette maison qu’on tient en plus haute estime et des signatures dont Libé n’a eu de cesse de défendre le travail (jusqu’à leur commander régulièrement des illustrations) ne s’éteint pas pour autant. Quelques semaines de réflexion, d’échanges, et l’affaire s’en va rebondir dans les pages de ce «spécial BD», l’idée d’une carte blanche se précisant ensuite autour de la fin de cycle, vite transformé en fin du monde, voire en rupture civilisationnelle. Chaque auteur ou duo investissant l’espace à la façon d’un article. Ceci n’est donc pas une publicité déguisée mais une déclaration d’amour pour les superbes autrices et auteurs que sont (par ordre d’apparition) Simon Roussin, Tom Gauld, Anouk Ricard et Léon Maret, Jeremy Perrodeau et Aude Bertrand, Matthias Arégui, Sophie Guerrive, Léa Murawiec, Xavier Bouyssou. Auxquels il faudrait ajouter le nom du grand Blutch, qui s’est vu confier la une du journal. Bonne fin du monde à eux.