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«L’Origine du monstre» d’Emilie Gleason : au nom du père et des orifices

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Avec pour point de départ une ménagerie lubrique à bord de l’arche de Noé, Emilie Gleason passe sous les rouleaux compresseurs d’un humour déluré cet épisode biblique où Sem est chargée de repeupler la Terre.
«L’Origine du monstre», d’Emilie Gleason. (Emilie Gleason/Ed. BD Cul)
publié le 16 octobre 2021 à 8h37

«Quarante jours de tarte aux poils, qui dit mieux ?!» C’est avec cette épigraphe signée Noé et flanquée du sceau Guinness World Records que démarre, en roue arrière et seins à l’air, le dernier volume de la collection BD Cul signé Emilie Gleason. L’autrice avait remporté en 2019 le prix de la révélation au festival d’Angoulême pour Ted, drôle de coco, tableau mouvant d’un héros Asperger (très inspiré par son frère) dont l’implacable routine qui lui sert de structure se dérègle le jour où sa ligne de métro se retrouve en travaux. Un récit remarquablement empathique, effréné et doux à la fois, que l’autrice avait très longuement peaufiné et remanié puisqu’il s’agissait de son projet de fin d’études aux Arts déco de Strasbourg, et à côté duquel elle disait se défouler en dessinant des choses plus «pipi-caca».

Partouze comme on n’en a jamais vu

On ne sait pas si c’est des premiers jets de l’Origine du monstre qu’elle parlait alors, en tout cas les indécrottables pensionnaires à vie du stade anal trouveront plus que leur compte dans ce truculent recueil de 160 pages qui bat effectivement tous les records en matière d’orgies non spécistes – à propos du livre, l’autrice elle-même dit qu’il y a «deux mots pour le décrire : zoophile et misanthrope». C’est au dernier jour du déluge que tout commence, en l’an 600 de la vie de Noé. Il s’avère que le patriarche, qui ne connaît