André Juillard, créateur prolifique de bandes dessinées, était adepte de la ligne claire. Son trait était élégant, comme lui : il s’habillait comme certains de ses personnages, avec un chapeau en feutre, des vestes marron à patchs sur les coudes, des gilets de costume en daim et des chaussures en cuir marron. Mi-moine mi-soldat, mi-père mi-époux, il est mort dans sa maison bretonne mercredi 31 juillet des suites d’une longue maladie.
Grand amateur de dessin scientifique, il pouvait mêler, comme il l’a fait en reprenant la suite de Blake et Mortimer (sept albums entre 2000 et 2016), dessin fantastique et croquis technique, avec une grande maîtrise des couleurs et des éclairages. Ses albums étaient foisonnants de références à destination de ses proches, qui s’amusaient à y déceler les messages cachés. Ses cases camouflaient, par exemple, les dates de naissance de ses enfants sur des plaques d’immatriculation de Citroën DS, voiture qu’il adorait dessiner. Il y glissait aussi des clins d’œil amoureux à destination de son épouse, Anne, dont le soutien était indéfectible. C’est aussi elle qui signe la préface de ses Carnets secrets (2004-2020), un album de collection de femmes toutes taillées dans le même style, et que l’on retrouve partout dans l’œuvre de Juillard : athlétiques, dénudées et clope au bec, mais surtout fortes têtes, indépendantes, et difficiles d’approche.
Modèle de travail et de modestie
Il avait connu un succès fou avec ses séries historiques comme les 7 Vies de l’Epervier (19