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Nouveau «Gaston Lagaffe»: dans quel monde culturel voulons-nous vivre?

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Les polémiques qui opposent la maison d’édition Dupuis à l’ayant droit de Franquin interrogent sur les conditions de la liberté de création et de réappropriation d’une œuvre, gages d’une culture vivante.
Le personnage de Gaston Lagaffe, au salon de la BD d'Angoulême de 1989. (JEAN-PIERRE MULLER/AFP)
publié le 17 mai 2022 à 16h01

Y aura-t-il un nouveau Gaston ? Rien n’est moins sûr. L’annonce du décalage de la publication à 2023 après deux mois de polémiques ressemble fort à un début de pantalonnade pour Dupuis. Pas tant sans doute parce que l’éditeur a peur de perdre en justice contre la fille de Franquin, Isabelle, qui s’oppose à cette publication au nom de la volonté de son père, mais parce qu’il craint, après le rejet de celui du milieu de la BD, celui des fans (et donc des ventes bien moindres au 1,2 million annoncées et espérées).

Comme si Gaston était intouchable. C’est vrai qu’il y a quelque chose d’insupportable à imaginer le garçon de bureau inventif et feignant, le génie du temps passé à ne rien faire, l’amoureux des animaux et de la sieste, le bricoleur maladroit, le chantre d’une vie décroissante, transformé en une machine à cash pour une simple histoire de contrats. Même De Mesmaeker aurait eu honte. Parmi la ribambelle de reprises qu’il y a eu ces dernières années – Blake et Mortimer, Lucky Luke, Astérix, Spirou,