«Hanbok» de Sophie Darcq (l’Apocalypse)

Livre sur le retour au pays, sur une terre dont on ne se souvient pas en quête de traces d’une famille biologique perdue très tôt, Hanbok multiplie les régimes de représentation, les styles de dessin, comme autant d’états de soi. Il y a le trait jeté des lettres-BD que Sophie/Junghee expédie à ses proches où elle revient sur son petit quotidien. Il y a ce dessin plus construit, mais toujours très libre, autour duquel se charpente ce Limoges-Séoul. Le trait du quotidien, des pensées et inquiétudes banales, presque triviales – une valise perdue, la chaleur écrasante. Et puis il y a les moments presque hors de soi : des images qui naissent de photos prises par sa sœur durant le voyage, et d’autres qui ne lui appartiennent plus, des portraits piégés depuis vingt ans dans un tiroir. Le visage de ce père à qui elle ressemble tant. Par le seul dessin, Sophie Darcq dit tout le chamboulement d’une recherche de sens dans le souvenir des autres. Magnifique. M.C

«La Méthode Gemini» de Magius (Misma)

Au cours de son ascension dans le «crime désorganisé», Mike Dioguardi, garçon boucher devenu grand malfrat, est introduit dans l’intérieur bourgeois d’un boss qui fait étalage de sa culture littéraire. Cette scène clé, qui marque un passage de cap pour le héros sans morale de Magius, est probablement l’une des plus glaçantes, bien que l’une des moins sanglantes, de cette histoire de gangsters : la violence du gros bonnet y est