Les polémiques sur Tintin au Congo se suivent et se ressemblent. A quelques semaines de Noël, c’est la republication par les éditions Moulinsart de la première version de cette aventure coloniale qui ranime les braises. Une aubaine pour Valeurs actuelles qui, sans bien évidemment avoir lu ladite édition, s’empresse de titrer «Wokisme : Tintin au Congo republié avec un avertissement pour expliquer le contexte de la BD», fournissant ainsi clé en main la substance, si besoin était, des traditionnels pugilats familiaux de fin d’année. L’ouvrage paraît en effet au sein d’un coffret qui regroupe les trois premiers tomes des aventures de Tintin (Tintin au pays des Soviets, Tintin au Congo, Tintin en Amérique) telles que les dessinait Hergé entre 1930 et 1932 pour le Petit Vingtième – ceux qui sont traditionnellement commercialisés sont des versions redessinées à partir de 1945 par Hergé. Pour ce coffret, les dessins noir et blanc originaux ont été colorisés, chaque tome assorti d’une quinzaine de pages d’éclairage historique, et le tout glissé dans un élégant étui coloré mis en vente début novembre.
«Contextualisation d’une œuvre qui a commencé il y a près d’un siècle»
Entre le racisme de certaines représentations – des Congolais tantôt pleutres, tantôt paresseux, face à Tintin et Milou incarnant le savoir et le courage – et l’hécatombe d’animaux sauvages, Tintin au Congo a régulièrement été mis en cause : en 2007, en Angleterre, le comité pour l’égalité raciale le jugeait «potentiellement très choquant»