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«Une obsession» de Nine Antico, des désirs en désordre

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A travers les souvenirs de son éveil au sexe et d’un trauma qui marque un moment clé, l’autrice remonte, dans une bande dessinée autobiographique, le fil de son rapport aux hommes.

Tous les personnages d'«Une obsession», y compris Nine Antico, sont masqués. (Nine Antico/Ed. Dargaud)
ParMarie Klock
Journaliste - Culture
Publié le 11/10/2025 à 13h49

A dix-sept ans d’écart, la première et la dernière bande dessinée de Nine Antico taillent le bout de gras. En couverture d’Une obsession, une Eve blonde au regard creusé nous montre la pomme dans laquelle elle vient de croquer. Son corps nu, coupé en deux par l’épais bandeau rouge du titre, est légèrement tourné vers la gauche, comme en reflet de la posture de l’adolescente qui se tortillait en maillot de bain, un peu gênée, sous les lettres épaisses du Goût du paradis. Aucune des deux n’a de bouche. A propos de sa première autobiographie publiée par les Requins marteaux en 2008, l’autrice et dessinatrice autodidacte l’a souvent dit et le répète encore aujourd’hui : «Je ne pensais pas avoir quelque chose à dire.»

Ce qu’elle choisit de dire dans cette nouvelle bande dessinée autobiographique, si on le réduit aux mots d’«abus» ou de «viol» qui pourraient résumer le moment clé du livre, est explosif. Mais de ce «jeu» banalisé dans son enfance et qui a continué dans sa vie d’adulte de dégorger son poison sur son rapport aux hommes et au désir, Nine Antico tire un récit aussi lent et louvoyant qu’une gondole sur les canaux de Venise. La ville et ses eaux sombres servent de décor à la narrat