«Cette satanée attirance pour les mondes du merveilleux…» Dans le prologue en forme d’effondrement des illusions qui sert d’ouverture à Toonzie, un homme se demande d’où lui vient cette énergie qui le pousse encore à croire. La naïveté ? Le dégoût de la réalité ? La toute-puissance des histoires ? On est en 2049, et à mesure qu’il traverse un centre de convention jusqu’à retrouver ce gourou qu’il conseille et assiste, les murs racontent l’histoire d’une époque glorieuse qu’on imagine pas si lointaine. Des concerts, des fiestas pantagruéliques, les hauts faits d’un culte que cet ensemble de memorabilia semble déjà conjuguer au passé. C’est le moment des révélations, des vérités nues. Assénées par un gros type en slip, chaussettes et lunettes de soleil. Supercherie, effondrement du merveilleux. Rideau. Le récit peut vraiment commencer.
Avec Toonzie, Xavier Bouyssou signe un premier livre en forme de farce mélancolique. Le portrait du dernier carré de fidèles d’une secte persuadés qu’à chaque individu correspond un toon, un personnage de dessin animé flottant au-dessus de sa tête. Incarnation de son soi inaltéré malheureusement invisible aux yeux de tous, sinon de Toonzie, guide à mi-chemin entre Raël et Polnareff (en vérité, l’auteur se dessine lui). Le fric vient à manquer, un flic les a dans le viseur et le fisc tape à la porte. Enfermé dans la villa glauque de San Bernardino, Coolifornie, qui leur sert de compound, entre les statues du guide à poi