Caroline Nasica est sanguine, un caractère de cochon qui a sans aucun doute contribué à sa notoriété : quand la jeune artiste se lance dans la BD sur Instagram pendant le confinement, c’est un festival d’anecdotes dans lesquelles, au choix, elle met des baffes, s’en prend, insulte, crache, dotée d’un talent prodigieux pour se mettre dans des situations pas possibles et entourée d’un cercle familial visiblement aussi frappé qu’elle. Quatre ans plus tard, elle éclate le cadre du sketch impulsif en dix cases pour consacrer un livre entier à sa famille et son village d’origine.
Marseille, ville qu’elle quitte l’espace d’un printemps après une rupture, est reléguée à une unique page d’ouverture, grise, sur laquelle la jeune femme ne se retournera à aucun moment. C’est dans le microscopique village de Tox (99 habitants) au creux des montagnes de Haute-Corse que se nichera tout ce récit, paysage dont Caroline Nasica prend soin de désamorcer immédiatement l’aspect de carte postale : à droite d’une cabine téléphonique défoncée, sur le panneau criblé de trous (des balles, de toute évidence), quelqu’un a superposé à Tox son nom corse, Tocchisu, d’une écriture rageuse. De tantes en voisins, c’est par rencontres et bavardages que progress