En pensant au titre de son nouvel ouvrage, Belinda Cannone avait en tête la Méditerranée. C’est de cette mer-là dont elle est issue, celle qui baigne la Sicile, la Corse et la Tunisie où sa famille a vécu alternativement tout au long du siècle dernier. Elle ne revendique aucune attache à l’exception de cette mer qui a vu mourir ces quinze dernières années tant de femmes et d’hommes cherchant à fuir la guerre ou la misère, aussi s’est-elle toujours sentie proche de celles et ceux que l’on a pris pour habitude d’appeler les migrants. Quand la proposition lui a été faite de passer une «Nuit au musée», nom de cette collection qui propose à un écrivain ou une écrivaine quatre ou cinq fois l’an depuis 2018 de se laisser enfermer du soir au matin dans le musée de son choix, Belinda Cannone a donc jeté son dévolu sur celui de l’Immigration, à Paris. «Jusqu’à ce que je comprenne que, puisque mon véritable sujet concernait les migrations méditerranéennes de ma famille, l’écrin du Mucem, ce musée tant aimé, s’imposait.»
L’obscurité des salles d’exposition
Mais ce n’est pas le seul coup de théâtre de cette aventure culturelle qui se veut aussi quête de l’intime. Pour la plupart des écrivains passés par cette expérience, le musée est bien souvent un prétexte pour remonter en soi-même dans la