Lors de la présentation de l’expo à la presse lundi, l’historien Benjamin Stora, son commissaire général, regrettait que la présence des juifs en Orient, qui s’est étendue «de l’Atlas à l’Euphrate», soit toujours abordée par sa fin, à savoir par l’exode qui a suivi les indépendances ou la question palestinienne. Raconter cette histoire par son début, rembobiner de quelque 2 000 ou 3 000 ans – dont 1 500 de coexistence avec l’islam lors desquels «il n’y a pas eu que des massacres, mais aussi de grands moments de convivance» – tel serait donc l’objet du parcours.
L’histoire des juifs en Orient est plurimillénaire, et pourtant très mal connue. Comment a-t-elle pu disparaître de la conscience collective ?
C’est la grande question ! D’abord parce que l’histoire s’est accélérée de manière extraordinaire entre 1945 et 1970. Le départ de centaines de milliers de juifs, pratiquement en même temps, du monde arabe au sens large s’est fait sans autoanalyse, car il n’y en avait pas le temps. La plupart des gens qui sont partis avaient des préoccupations de survie, de travail, de logement, ils n’avaient pas le loisir de s’étendre sur une quelconque crise identitaire. Les parents n’ont pas transmis. Ç