Assis sur le siège thermoformé gris qui meuble le petit lavomatic qu’il a installé à Lafayette Anticipations dans le cadre de l’exposition collective «Coming Soon», où les artistes parient, à pile ou face, sur l’avenir, l’artiste Benoît Piéron, emmailloté dans une doudoune jaune serin, nous présente Monik, son double, son fétiche, une peluche cousue main à la silhouette de chauve-souris. Elle est posée sur une des trois machines à laver, qui tournent à vide, mais pas sans éclat lumineux – par le hublot jaillissent de temps à autre des lueurs liquides et colorées émises par les gyrophares et les miroirs facettés qui ont été glissés dans les tambours. Là, dans l’installation, malgré son morne équipement et sa chiche décoration, plane une étrange sérénité que berce le ronron des lave-linge. Piéron parle de ce «son et lumière non spectaculaire», qu’il a intitulé Oxygène («évocation du tube de Jean-Michel Jarre»), comme d’une réminiscence de l’enfance, «quand tu colles ta tête au hublot», espèce de lanterne magique domestique.
«Réconcilier tout le monde avec la maladie»
Mais ce lieu est aussi, plus trivialement, celui de l’attente. De la fin du programme, sauf qu’ici le cycle est sans fin, et le programme imprévisible. C’est tantôt tel hublot qui s’éclaire tantôt l’autre. Donc il n’y a rien à attendre ni espérer et, aux yeux de Benoît Piéron, sa pièce met peut-être en scène l’ombre de la fatalité, qui frappe sans prévenir. Monik, cet amène et doux petit vampire ou mini-pythie, fait figure de créa