C’est un livre qui fera date dans l’histoire du Liban. Le journaliste Marwan Chahine y a consacré près de dix ans de sa vie, cherchant à reconstituer dans le moindre détail ce qui s’est réellement passé ce 13 avril 1975, lorsqu’un bus palestinien a été attaqué dans les faubourgs de Beyrouth par des miliciens chrétiens. Un événement qui aurait pu être considéré comme banal dans une région où les attaques sont fréquentes, sauf que celui-ci est resté dans l’imaginaire collectif comme le déclencheur de la guerre civile qui déchira le Liban pendant quinze années meurtrières. Pourquoi celui-ci et pas un autre ?
Beyrouth, 13 avril 1975 pourrait être une simple enquête, mais ce livre est bien plus que ça et c’est ce qui en fait le charme. Ecrit à la première personne du singulier, il est une quête politique autant qu’une quête intime car l’auteur, de père libanais, se cherche autant qu’il cherche à comprendre ce pays qui est aussi le sien. «Né en France d’une mère française, je me sentais plutôt français, assez du moins pour ne pas trop me poser de questions. En Libanais qui s’ignore, j’avais toujours pris plaisir à coller à l’image du bon Arabe, celui dont on oublierait presque qu’il en est un […], écrit Marwan Chahine. La faute à ce prénom aussi : Marwan. Ma mère aurait préféré que je m’appelle Sylvain mais mon père tenait à ce que son fils aîné porte un nom arabe qui ne soit ni francophone ni assimilable à une communauté (on trouve des Marwan chez les musulmans, l