Tous les deux ans, la Biennale de Venise prend le pouls de l’art contemporain et reproduit à la manière d’un sismographe ultra-fidèle les soubresauts du monde. Il y a deux ans, trois jours seulement après le début de l’offensive russe en Ukraine, le curateur invité du pavillon russe, Raimundas Malasauskas, avait pris les devants en se retirant spontanément du jeu. «Je suis né et j’ai grandi en Lituanie, qui faisait alors partie de l’Union soviétique. J’y ai vécu jusqu’à sa dissolution en 1989. L’idée de retourner en arrière pour vivre sous l’empire russe, ou de quelque autre empire, est simplement intolérable», avait-il déclaré à l’époque. Le ronflant pavillon russe, situé dans la première allée des Giardini, avait ainsi gardé ses portes closes, tandis qu’à quelques mètres de là avait poussé une «Piazza Ucraina», plateforme à ciel ouvert de solidarité avec les artistes et le peuple ukrainien.
Cette année, logiquement, c’est la guerre Hamas-Israël qui vient percuter l’équili